Nos valeurs et actions

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Prosper, Abib, Belinda, Kalanga, quatre enfants brillants, de 9 à 13 ans, ambitieux et confiants dans leur destin ; quatre enfants qui ressemblent à beaucoup d’autres, dans le monde ; sauf que nous sommes à Kindu, chef-lieu de la province de Maniema, une des plus défavorisées de la République démocratique du Congo.

Belinda a 12 ans, elle est première de sa classe de 6ème primaire avec 96%, elle aime les maths, le français et joue au basket trois fois par semaine ; Prosper n’a que 9 ans mais il est second de sa classe de 4ème primaire avec 91%, adore l’histoire, la géographie, le français et les maths, dans cet ordre, et joue au foot cinq fois par semaine.

Ces enfants sont scolarisés à Lumbu-Lumbu, le quartier le plus pauvre de Kindu dans un établissement scolaire d’exception qui en février 2011 n’était qu’une parcelle de 800 m2 envahie par la végétation. En trois mois, deux bâtiments scolaires étaient bâtis, en septembre 112 élèves faisaient leur rentrée.

Depuis ce jour, une université, un réfectoire, une bibliothèque et une école secondaire, sont opérationnels, un hôpital en expansion accueille les malades tandis que des villas avec une superbe vue sur le fleuve complètent le complexe Mapon.

Cet ensemble est le fruit d’une initiative de Matata PonyoMapon, enfant du pays, passionné par le développement et persuadé qu’il existe des remèdes au retard économique affiché par les pays comme la République démocratique du Congo; cet homme en est devenu Ministre des Finances puis Premier Ministre, alors même que le pays enregistrait des taux de croissance de 8% en moyenne. Son credo : la rigueur dans la gestion des finances publiques, l’usage rationnel et efficient des fonds publics ainsi que l’application soutenue des réformes dans tous les secteurs, autant de leviers permettant de sortir du sousdéveloppement.

Sur son initiative, le pays a hissé à 16% la part du budget de l’enseignement dans le budget général tout en plaidant en faveur du renforcement des capacités d’intervention du Partenariat mondial pour l’éducation. Plus ce fonds collectera de ressources, plus les enfants déshérités retrouveront l’espoir. Un seul objectif à cet effort : développer les compétences nationales pour transformer le potentiel géologique, énergétique, touristique, halieutique en richesses profitables à la population du Congo.

Pour faire vivre le projet scolaire de Lumbu-Lumbu il fallait un cadre juridique ; la fondation Mapon en a fourni un, en sa qualité d’Organisation Non Gouvernementale, dont le préambule souligne que le paysan n’est pas pris en charge par le pouvoir étatique alors que son apport dans l’économie nationale est significatif mais reconnaît que par l’union, l’entraide et l’esprit communautaire, l’homme paysan est capable de prendre en charge son propre destin.

La fondation Mapon est née le 15 février 2007 et exerce son activité sur tout le territoire national. Elle a comme objectifs de créer des moyens ou des possibilités en vue de lutter contre la pauvreté de la population laborieuse; réaliser et exécuter des projets de développement tant rural qu’urbain ; accompagner les masses paysannes dans leurs diverses activités.

Apprentissage et épanouissement en primaire

L’école primaire, dirigée par Mr WALUBANGI est développée avec un effectif au 07 juillet 2018 pour l’année scolaire 2017-2018 de 289 élèves dont 145 filles ; 77% des enfants résident à Lumbu-Lumbu, mais le directeur souligne qu’il est désormais sollicité par des parents habitant fort loin de Kindu, des élèves provenant même de Lubumbashi.

L’objectif de développement maximal du projet est de 18 classes de primaire, avec trois classes par année de base et deux classes en fin de primaire. La direction n’est pas très éloignée de son but puisqu’actuellement on compte onze classes, deux par année de base et une en 6ème année. Quatorze professeurs se partagent la tâche d’enseigner, onze titulaires, un professeur dit de relève qui est depuis devenu bibliothécaire et un professeur d’anglais et d’informatique qui enseigne également l’anglais dans le secondaire. Enfin, un chargé de sport encadre les primaires et les secondaires.

Les enfants commencent la classe par un chant, puis des prières, suivies de l’hymne national, des annonces précédant la reprise des cours. L’idée dominante est que par la grâce de Dieu, on est scolarisé au collège Mapon. Sans Dieu, on est démuni.

Prêts pour le secondaire !

2017-2018 est la quatrième année d’existence du secondaire sous la direction de M. Onema Marcel, avec un effectif de 106 élèves, dont 45 filles ; 60% des élèves proviennent de l’extérieur ; la particularité des deux classes de seconde : troisième et quatrième n’ont pas fait le primaire au complexe Mapon mais viennent d’ailleurs.

Sport, bibliothèque, activités

Une heure de cours par semaine est de surcroît consacrée à la Bibliothèque. La rentrée en classe détonne par rapport à l’image de l’adolescent d’aujourd’hui : on commence à 7h15 par une prière suivie de 10 minutes de lecture à haute voix par un élève à partir d’un livre de classe ; les élèves sont ensuite invités à critiquer la lecture et à en corriger les fautes ; suit l’hymne national et la rentrée se fait à 7h30 ; le but poursuivi est d’encourager la lecture expressive, de désinhiber l’enfant face au public.

L’année scolaire 2017-2018 se distingue par l’accent mis sur deux disciplines, les maths-physique et l’électronique industrielle ; le but est de former des techniciens qui rejoindront ensuite l’Université de Haute-Technologie sans passer par une année préparatoire.

Un mot encore sur l’anglais qui est enseigné dans toutes les classes du Primaire et du Secondaire ; la direction entend former des individus parfaitement bilingues ou trilingues capables d’intégrer l’économie moderne où la maîtrise de la langue est un atout. La parfaite connaissance de l’anglais sera exigée pour intégrer l’université.

Quelle est la particularité du complexe scolaire Mapon ? C’est une école privée dont la devise est « Dieu, Famille, Travail ». Elle est gratuite. Son objectif est que les enfants se distinguent en tout. L’enseignement s’appuie sur une méthode active et participative, l’enseignant plaçant l’enfant au centre de l’apprentissage ; un suivi des activités et des matières inscrites au programme garantit, grâce à des réunions hebdomadaires, mensuelles et annuelles que l’enfant a bien assimilé le programme. Le but est d’atteindre l’excellence.

Autre particularité de cette école : on peut facilement en reconnaître les enfants par le port d’un foulard aux couleurs de l’établissement, une cravate rouge comme celle de son fondateur, un kit d’uniforme et un sac, des cahiers et un journal de classe uniques. La cravate rouge est en effet pour Mr Mapon un symbole de la rigueur et de la bonne gouvernance dans la gestion des affaires publiques et dans le cas du collège des affaires privées.

Quel est le profil de l’élève modèle : Une même attitude à la maison, au collège, dans la rue ; une sobriété dans la prise de parole mais une sagesse dans l’action ; l’enfant doit être poli, respectueux avec un sens desresponsabilités. En secondaire l’adolescent doit avoir une morale et être discipliné, assidu et appliqué ; pas de critère de classe sociale dans le recrutement des secondaires comme des primaires mais une méritocratie avec des tests organisés en français, maths et culture générale. La première année est gratuite mais l’idée qui s’impose est que les enfants du secondaire contribuent financièrement en fonction des ressources de leurs parents.

Des élèves nourris par une ferme-pilote locale

Dernière particularité : l’école fournit un repas chaud gratuit tous les jours à tous les élèves à 12h30 précises ; La première année les repas n’étaient pas assurés et les enfants qui ne s’alimentaient pas correctement ne venaient plus en classe ; sur les 112 élèves qui avaient intégré la classe, seuls 92 avaient conclu l’année. Compte tenu du recrutement en milieu défavorisé il était clair qu’il fallait fournir une restauration scolaire équilibrée. La cantine offre ainsi des repas diversifiés avec des protéines animales et végétales, bio et locavore grâce à une ferme appartenant au complexe Mapon. Quatre cuisiniers officient pour nourrir jusqu’à 400 repas par jour en comptant le personnel enseignant et le staff.

L’île voisine du complexe Mapon, d’une surface totale de 34 hectares a été mise en culture en décembre 2015. Sous la direction de l’ingénieur agronome Charles Mendje Uka, 25 personnes s’activent, dont 19 ouvriers. Les légumes et fruits occupent 2 hectares, le maïs et le soja 10 hectares, le manioc et les haricots se partageant dix hectares. Les débuts ont été difficiles notamment à cause des éboulements en période de pluie, mais aujourd’hui 65% des productions sont destinées à la Fondation Mapon, à l’école aussi bien qu’à l’hôpital. Les productions sont garanties bio, fertilisées par un mélange de matières organiques et végétales. L’objectif est d’augmenter la production grâce aux nouvelles techniques agricoles, de vendre des semences aux, petits producteurs et de former des moniteurs agricoles susceptibles de répandre le savoir-faire dans toute la région. Outre les enfants scolarisés dans le complexe Mapon, l’un des quartiers de la ville de Kindu bénéficie également d’une aide alimentaire. Charles Mendje Uka rappelle que de 1975 à 1980 la province de Maniema était un grenier agricole.

L’espace relativement petit, cultivé sur l’île, a déjà permis de faire baisser les prix sur le marché de Kindu grâce à une meilleure productivité. L’enseignement commence à 7h30 du lundi au samedi jusqu’au déjeuner, mais l’école organise également des activités parascolaires, au nombre desquelles se distinguent le foot et le basket, qui sont opérationnels, avec des matchs interscolaires et interclasses, le handball, le volleyball et le tennis étant inscrits dans les futurs sports praticables. Les élèves viennent jouer dans l’après-midi, car le complexe leur est ouvert.

Un hôpital social, l’espoir

Les élèves de la Fondation Mapon ont la faculté de consulter l’hôpital voisin, à hauteur de 96 actes médicaux par mois en moyenne. Cet hôpital tient une place d’exception dans le complexe Mapon ; sous la responsabilité du Dr Baron Ngasia, c’est un établissement à vocation sociale, qui fournit des soins de qualité aux plus démunis tandis que les plus aisés contribuent financièrement au travers d’un système baptisé « catégorisation des factures ». Traduction : les indigents sont pris en charge gratuitement.

Les spécialités englobent la pédiatrie, la médecine interne, la chirurgie, la gynéco-obstétrique, l’ORL et la dentisterie. Un service d’imagerie vient compléter l’offre avec un scanner opérationnel, une échographie 4D qui vient à peine d’être installée, une radiographie traditionnelle mais qui sera bientôt numérisée. Une nouveauté absolue dans la province est la présence d’un laboratoire automatisé au service d’études bactériologiques poussées.

La médecine préventive s’adresse à la maternité mais s’étend à la vaccination en milieu scolaire. Les dossiers médicaux sont informatisés, les médecins n’ayant par ailleurs pas accès aux dossiers financiers.

Le personnel de l’hôpital comprend 18 infirmiers, 3 médecins permanents, 12 médecins collaborateurs pour 32 lits, 4 couveuses et 6 berceaux ; un bâtiment actuellement en construction va compléter l’offre, notamment en chirurgie, pour qu’au total l’établissement offre 42 lits. Les pathologies les plus courantes sont classiquement le paludisme, le diabète, la thyphoïde, et les infections néo-natales et urinaires ; à cela s’ajoutent une moyenne de 8 interventions chirurgicales par mois. La lutte contre le VIH et la protection de la transmission du VIH par la mère font partie des programmes préventifs de premier plan. L’objectif à 5 ans, voire 10 ans, est de généraliser la médecine préventive et scolaire à l’échelle de la ville.

Les Hautes Technologies au service de la nation.

Un pilier fondamental de l’édifice scolaire et hospitalier demeure l’université encore en construction ; la logique qui conduisait du primaire au secondaire des enfants formés à la rigueur intellectuelle et à la discipline a pour aboutissement naturel l’université ; mais pas n’importe laquelle car le but demeure de fournir des hommes et des femmes capables de s’investir dans le développement de la nation. Les besoins sont nombreux mais la Fondation Mapon cible les ingénieurs de haut niveau susceptibles de travailler dans les industries de l’économie congolaise ou de fournir les bataillons de chercheurs nécessaires à l’essor industriel et technologique du Congo.

L’université sera ainsi divisée en six départements, couvrant l’électricité et l’électronique, la mécanique, les mines, l’économie, l’informatique et les mathématiques et physiques appliquées. Un effort particulier portera sur le recrutement d’un personnel académique et administratif de haut niveau, s’appuyant sur ateliers et laboratoiresde haute qualité, alimentés par l’énergie nécessaire à leur bon fonctionnement. Plus de 6.000 m2 sur trois niveaux abriteront un amphi de 400 places, 4 auditoires de 300 places, 12 auditoires de 120 places, 5 auditoires de 60 places et enfin une bibliothèque de 500 places proposant plus de 30.000 ouvrages multidisciplinaires.

Ce qui permettra d’accueillir à terme 3.500 étudiants. 8 ateliers de travaux pratiques, 2 laboratoires et 2 salles d’informatique complèteront l’offre. Les professeurs résidents, congolais ou étrangers, comme les professeurs visiteurs, francophones ou anglophones, seront recrutés sur des critères précis parmi lesquels la non complaisance. Mr Mapon se souvient encore avec émotion de l’aura de son professeur d’économie, le Pr. Jean-Jacques Mwalaba Kasangana, qui a marqué durablement ses étudiants par ses valeurs de rigueur scientifique et morale, de ponctualité et de justice, de probité et d’honnêteté intellectuelle, « Un homme juste ». Un complexe sportif et des logements pour les professeurs visiteurs complèteront le dispositif.

L’enfant du pays qui avait grandi dans une maison en briques d’adobe au toit de paille sans eau ni électricité a fait du chemin, poussé par son père, soutenu par sa mère. Pour financer les études de son fils, le père avait dû vendre sa précieuse machine à écrire et les cinq ans qu’ont duré les études universitaires du jeune homme ont été douloureuses pour celui que ses camarades avaient surnommé « Iveco » d’après la publicité pour les camions « qui ne se fatiguent jamais, quelles que soient les circonstances ».

La Fondation Mapon témoigne que cet homme promis à un bel avenir n’a eu de cesse de restituer ce qu’il avait reçu et d’investir dans la personne afin de hisser les enfants de Kindu, les enfants de ses voisins d’enfance, au sommet.